Photos, magazines, télévision... Mais comment ?
Comment est-ce possible d’avoir accompli cela ? Je répondrais que j’ai façonné mon destin et qu’il est temps de cesser d’espérer que les choses arrivent sans rien faire !
Bon, je ne vais pas vous mentir, quand j’étais en situation d’obésité morbide et que j’étais constamment insulté, je n’avais vraiment aucune idée que, un jour, je me retrouverais dans des studios photos, sur des plateaux de télévision, à la radio, etc.
Même si ma carrière n’a pas suivi le chemin d’un top model comme Kate Moss ou Baptiste Giabiconi, je reste quand même le gars qui a perdu énormément de poids et qui s’est retrouvé avec un corps ordinaire, parfois en train de jouer les beaux gosses alors qu’à l’époque, il fallait correspondre à un certain « moule » pour espérer rentrer dans le « moule ».
On m’a posé cette question des milliers de fois et j’ai toujours répondu avec la plus grande sincérité. Je n’avais jamais eu la prétention ni l’ambition de faire des photos, et comme indiqué précédemment, quand j’étais en surpoids, je ne rêvais que d’une seule chose : être « normal ».
Mais comment cela a-t-il concrètement commencé ? En février 2011, ayant stabilisé mon poids, j’avais quitté la région Centre pour m’installer à Paris en colocation avec une amie et sa petite sœur.
Un beau jour, le dimanche 13 février 2011 pour être précis, j’ai pris le métro pour retrouver une amie devant la Fnac des Halles. Dans le métro 14, alors que je pressais de descendre à cause de mon retard, un homme dans la trentaine m’a agrippé le bras.
Ma première réaction a été de lui arracher mon bras en lui demandant quel était son problème. Il s’est immédiatement excusé, s’est présenté comme le directeur d’une agence de casting, et m’a suggéré de proposer mon profil à ses clients.
J’étais surpris, je ne savais pas quoi répondre, et je lui ai simplement dit que j’étais en retard et que je n’avais pas le temps. Il m’a tendu sa carte et m’a demandé de le recontacter si besoin.
MILOS DENOVAK
« Au moment où j’ai entendu « sous-vêtements », j’ai commencé à paniquer, car je ne savais pas comment il réagirait en voyant la « vérité ». »
« Au moment où j’ai entendu « sous-vêtements », j’ai commencé à paniquer, car je ne savais pas comment il réagirait en voyant la « vérité » »
En retrouvant mon amie devant la Fnac, je lui ai raconté cette situation complètement dingue, et je me souviens qu’on a commencé à rire en se remémorant un documentaire sur M6 parlant des fausses agences. En rentrant chez moi, j’en ai parlé à ma colocataire, qui m’a dit : « Tu devrais quand même essayer de trouver des infos sur le web ».
À l’époque, le web en 2011 n’était pas comme aujourd’hui avec les réseaux sociaux, et il n’était pas évident de trouver des informations. Mais j’ai réussi à trouver des informations clés sur un site qui référence les entreprises, leur numéro SIRET, etc. C’est là que j’ai vu que l’agence était sérieuse.
Je n’ai pas cherché à appeler l’agence immédiatement, mais après quelques jours, je me suis rendu sur place et j’ai revu le directeur, qui était content de me revoir. Il était vraiment heureux de pouvoir m’inscrire dans son agence, et moi aussi.
Mais à un moment donné, il m’a dit qu’il fallait prendre des polas pour mon dossier et que je devais poser en sous-vêtements. Les polas sont des polaroids au naturel, sans artifices, de préférence en sous-vêtements. Ce sont des photos dites « brutes » et elles sont importantes quand nous sommes mannequins.
Au moment où j’ai entendu « sous-vêtements », j’ai commencé à paniquer, car je ne savais pas comment il réagirait en voyant la « vérité ».
« Nous nous sommes retrouvés tous les deux dans son bureau, et lui montrer mon corps lui a fait comprendre que je n’étais pas comme les autres.«
« Nous nous sommes retrouvés tous les deux dans son bureau, et lui montrer mon corps lui a fait comprendre que je n’étais pas comme les autres«
Dans les articles précédents, je vous ai parlé de mon déclic, des moqueries et de ma perte de poids impressionnante, mais la vérité est que lorsque vous perdez énormément de poids, des traces subsistent toujours sur votre corps.
Mon corps, en particulier mon ventre, était complètement marqué par ma perte de poids, même si j’avais pris plus de temps pour inclure du sport afin de tonifier tout cela. Cela aurait seulement pu limiter les dégâts.
Quand j’ai eu le courage d’en parler au directeur, il a senti dans ma voix que je n’allais pas bien, et il a immédiatement compris qu’il y avait un problème. Il ne pouvait pas deviner sous mes couches de vêtements que j’avais un excès de peau, car j’étais vraiment très mince, portant un gros pull avec un trench noir, et rien ne laissait voir que j’avais un énorme complexe.
Nous nous sommes retrouvés tous les deux dans son bureau, et lui montrer mon corps lui a fait comprendre que je n’étais pas comme les autres.
Même si je ne pouvais pas accéder à tous les castings, il m’a quand même encouragé à essayer et surtout à en parler à la télévision, dans la presse, etc., pour que le maximum de personnes en surpoids ou obèses prennent conscience qu’il est possible de changer.
J’ai suivi ses conseils, j’ai pu décrocher des contrats sans pour autant être Brad Pitt, mais j’ai également eu le courage de contacter moi-même des chaînes pour leur proposer mon histoire. Mais ça, c’est réservé pour l’un de mes prochains articles. 🙂 Je vous embrasse et prenez soin de vous.
